GÉRARD IFERT : LE DESIGN SUISSE À PARIS
Le 5 novembre 2025, Catherine de Smet, historienne du graphisme, et Alexandre Dimos, éditeur de B42, ont donné une conférence captivante autour de la monographie Gérard Ifert, Antihéros du design éditée en septembre.
Avec les contributions des historiens Ascanio Cecco et Tony Côme, l’ouvrage réhabilite ce designer majeur qui a traversé le XXᵉ siècle, insufflant un certain esprit suisse en France où il a travaillé pendant 70 ans, notamment enseignant à Penninghen le cours de méthodologie de 1985 à 1995.
Un parcours international et protéiforme
Formé à l’École des Arts et Métiers de Bâle, Gérard Ifert arrive à Paris en 1949, à seulement 20 ans, pour rejoindre le service des expositions de l’ambassade américaine dans le cadre du Plan Marshall.
C’est là qu’il explore toutes les facettes du design selon la tradition Bauhaus de l’art total : scénographie, graphisme, mobilier, photographie…À l’instar de la pédagogie de Penninghen, sa démarche prône l’interdisciplinarité et la cohérence à 360 degrés.
Une monographie nourrie d’archives et de témoignages
L’ouvrage retrace la curiosité insatiable de Gérard Ifert pour la création, visible dans chacun de ses projets, du mobilier à la scénographie, en passant par la photographie.
Catherine de Smet a expliqué comment elle a nourri son travail de ses échanges avec Gérard Ifert, de sa plongée dans les riches archives personnelles, dont le classement est d’après elle à l’image de l'œuvre du designer : codifiée, reclassée, déclassée, selon une savante logique. La dense iconographie et les témoignages précieux de brillants collaborateurs comme Rudi Meyer, présent dans la salle tout comme l’éminent Etienne Robial, figures héritières de la tradition suisse de Max Bill avant eux ont été une précieuse source.
Une vision fonctionnelle personnelle
La fascination pour la grille, la ligne forte et la rigueur esthétique illustre l’approche fonctionnaliste de Gérard Ifert, proche de l’art concret mais avec sa touche personnelle en toute création qui comme l’a dit l’auteure du livre, il a permis “un apport original et un peu différent de ce que pouvait être l’art concret, un art de la rue, public, collectif.”
En réhabilitant ce “Suisse de Paris”, Catherine de Smet et Gérard Dimos ont ainsi offert aux étudiants de précieuses clés pour comprendre le parcours singulier de ce graphiste, designer, architecte d’intérieur, photographe, cartographe, typographe et même enseignant ! Par l’analyse des multiples dimensions de toutes ses activités créatives et en mettant en évidence les liens qui unissent toutes les facettes de son travail, ils ont pu apprécier et comprendre combien l’approche du design de Gérard Ifert, profondément ancrée dans le contexte de la seconde moitié du XXᵉ siècle, demeure remarquable.
Catherine de Smet a rappelé à la jeune génération la place essentielle de la figure de Gérard Ifert dans l’histoire du graphisme et, plus largement, dans celle de la création et montré combien son œuvre, menée avec rigueur et intelligence, est une véritable source d’inspiration.